Pourquoi tant de pourquois ? [ Ray ]

Pourquoi suis-je une femelle ? Pourquoi suis-je grise, et pas blanche, et pourquoi pas noire ? Pourquoi suis-je condamnée à dépendre d'un mâle pour survivre ? Pourquoi devrais-je endurer ces souffrances, moi qui n'ai jamais rien demandé, moi qui n'ai jamais rien fait de mal ? Pourquoi suis-je comme je suis ? Pourquoi je ne peux pas profiter des moments de bonheur au lieu de me morfondre ? Pourquoi je n'arrive pas à me faire d'amis, toujours là à être arrogante et sèche, inamicale ? Pourquoi tant de pourquois ? Pourquoi je me pose tant de questions sans réponses qui me plongent de plus en plus dans la mélancolie. J'en ai marre. Je veux vivre. Je veux profiter de ma courte vie qui risque bientôt de se finir dans d'atroces souffrances. Je ne veux pas mourrir en ayant regretté le moindre de mes gestes. Je veux être heureuse au moins une fois dans mon existence, pouvoir rire, courrir, chanter, danser mon bonheur. Pourquoi je n'arrive pas à tirer un trait sur la maladie qui m'assaille et penser à autre chose ? Je prends tellement de résolutions dans ma tête, je me force à tant de choses, et, pourtant je n'arrive jamais à les faire. Dès que quelqu'un s'approche de moi, je deviens aggressive, froide, sèche voir méchante, je ne sais pas être gentille, dès que l'on me parle, j'attaque tout de suite verbalement, mes yeux pétillent de malveillance. Pourquoi ? Mais bon sang pourquoi ? Intérieurement, je ne suis pas du tout comme ça !

Telles étaient les pensées de Fushin, jeune louve grise condamnée à jamais à mourrir dans la souffrance ou à être protégé par un mâle. Chose qu'elle refusait pour le moment catégoriquement. On aurait pû dire que c'était sa plus grande peur, non, il ne faut pas exagérer non plus. Pour simple indication, sa plus grande peur était de ne jamais trouver le bonheur au moins une fois dans sa vie. Bref, vautrée par terre, les pattes avants croisées l'une sur l'autre et sa tête posée dessus, Fushin réfléchissait, les yeux pensifs, dénudés de toute sècheresse. Dans ces moments-là, si quelqu'un avait pû la voir sans qu'elle s'en aperçoive, il se serait dit " Tiens, elle a changé la Fushin ", oui mais à la moindre approche elle redevenait la carapace de glace et de pierre dont elle s'était entourée depuis toute petite. Qui arriverait à la percer ? Qui serait l'être de flamme et de chair qui brûlerait cette solide carapace de glace ? Fushin doutait qu'un être pareille existe, et, pour elle son destin était déjà tout tracer. La mort. La souffrance. La peur du néant. Et, pourtant, ce n'était pas ce qu'elle souhaitait, mais elle ne pouvait rien y changer. Le fait de voir quelqu'un changeait de suite sa personnalité....

- Maudit sois-tu, sale Dieu si tu existes de nous avoir envoyé telle plaie, marmonna-t-elle dans un souffle rauque.